Trance Gamelan in Bali contains, as its title suggests, some mesmeric and dynamic ceremonial music, but the really refreshing aspect of this recording is that it captures a sense of the music being embedded within the hubbub of communal life. There is the excited chatter of a crowd as a gamelan marching band approaches the temple, then the overlap of converging ensembles. The anticipated poise and precision of the music is combined with a heady sensation of moving through the crowd, sampling the fullness of the occasion from various points of view. Strange and exhilarating or, as Corner succinctly sums up gamelan's attraction, "wonderful yet somewhat weird".

Julian Cowley, The Wire

 

 

 

 

 

Nella cultura musicale di Bali è ben difficile separare la musica dal rito e, allo stesso modo, la trance dalla sua sublimazione culturale, estetica, coreografica. Le tre registrazioni sul campo nelle quali si articola il CD, effettuate nel 1994 da John Noise Manis, illustrano questa complessa e affascinante interazione. (.....) Pur senza poter partecipare fisicamente al rito, grazie al potere di in/canto di questo CD l'ascoltatore può entrare in un'altra dimensione.

Giovanni De Zorzi, Mondomix

 

... The participants are several gamelan (as well as the congregation, albeit they are not official 'participants' in the music-making). The resulting sound, instead of the cacophony one might expect, becomes a richly textured thing, driven by the rhythms of the various gamelan, which seem to interweave as though performed by one ensemble. The second track brings us preparations for a temple ceremony at Tenganan. The village is the repository of many ancient pre-Hindu traditions, and remains deliberately isolated. This is a rehearsal, beginning with children playing on the instruments (which is encouraged), gradually replaced by the performers as they filter in. The piece begins in fragments, only gradually taking shape. Toward the end of the piece, the rhythm changes and becomes much more 'trancelike' – there also seems to be more intensity in the crowd noises, almost a frenzy of calls and exclamations. The third track is from a dance contest. The Barong, in particular, is associated with trance states. This is particularly hypnotic, the repetitive circular, forms of the music lending themselves to a state of mind that is not entirely directed by conscious thought. It also seems to juxtapose rapid figures on some instruments against a much more relaxed melody from other members of the ensemble, producing a fine tension. I think this might be a reflection of the need in Balinese spiritual life to maintain balance, as noted by Daniel Patrick Quinn in his essay... It's a fascinating selection of music, illuminated by Quinn's notes on the context of ceremony and belief in Bali. It's also an interesting commentary on what we experience, whether consciously or not, while listening to music.

Robert M. Tilendis, Sleeping Hedgehog

 

Imaginez une fête qui durerait une semaine ou plus avec des costumes étincelants, des décorations soignées, des offrandes colorées, des mets alléchants, des danses finement élaborées et des musiques aux sons miroitants, pleines de percussions métalliques, de tambours claquants et de flûtes chavirantes... vous êtes sans nul doute à Bali, au beau milieu d'un « odalan », soit d'une célébration de temple (....) Aussi les gamelans des villages s'en donnent-ils à cœur joie et entraînent-ils les Balinais dans leurs fougues polyrythmiques, leurs spirales mélodiques et leurs climats dionysiaques émanant de leurs développements aussi virtuoses que disciplinés. Cette combinaison kaléidoscopique d'expressions musicales et chorégraphiques a des vertus éminemment extatiques et dispense une idée très particulière de la transe.

C'est cette idée que cherchent à véhiculer les trois enregistrements regroupés dans cet album et effectués en 1994 par John NOISE MANIS. On connaissait ce dernier pour ses collections dédiées aux musiques de gamelan de Java sur les labels Felmay, Lyrichord, Arion et ARC Music, mais ce CD est assurément sa première réalisation consacrée à la musique de gamelan de Bali.

Le premier enregistrement nous emmène tout droit à une célébration de temple près d'Ubud. Dès les premières secondes, confirmation nous est faite que l'expression « enregistrement de terain » est à prendre au pied de la lettre, tant les sons des métallophones, flûtes et tambours et les chants sont enveloppés par des voix et des bruits de foule. C'est la nuit, et le public présent suit jusqu'au temple le « Beleganjur », le gamelan des « Guerriers en marche », qui se distingue notamment par les syncopes prédominantes des cymbales « ceng-ceng ». Bientôt, ce sont plusieurs gamelans, jouant à proximité les uns des autres, qui mêlent leurs sons, leurs figures mélodiques et leurs entrelacs rythmiques. Cette séquence longue de plus de vingt minutes se déploie tel un « travelling sonore » par lequel l'auditeur ne peut que se laisser enivrer.

Ce n'est pas seulement la performance musicale qui est présentée, mais aussi tout le contexte à la fois festif et religieux, l'environnement humain, avec ses discussions, rires et cris, tout le passage de la vie en somme. Dans la deuxième prise consacrée aux préparatifs de l'odalan à Tenganan, on peut entendre des enfants s'amuser avec les instruments du gamelan, avant qu'ils ne se fassent réprimander par des adultes... Ces derniers entament alors leur répétition, la musique devient de plus en plus intense et engendre bientôt des envies de danse parmi le public présent, lequel en vient à sombrer à un moment dans une excitation soudaine pour une raison inconnue...

Enfin, on ne pouvait quitter ces fêtes balinaises sans se rendre au conservatoire de Denpasar, où se joue et se danse l'histoire du Barong, l'esprit auspicieux, dans sa perpétuelle joute avec Rangda, l'esprit maléfique. La tension métaphysique généré par ce combat entre les forces du bien et les forces du mal est particulièrement bien rendue par le jeu capiteux des flûtes suling.

Il ne manque guère à ses trois captations que l'image, mais l'impression de « direct live » est saisissante. En cela, ce CD rappelle certaines productions du label Sublime Frequencies, notamment les Night Recordings from Bali, dont il est en quelque sorte le cousin plus érudit, car bénéficiant cette fois de notes d'information dans le livret.

Le fait d'avoir le mot « transe » dans le titre de l'album et d'avoir affublé ce dernier d'une illustration de pochette hautement pixellisée ne doit pas faire croire à un remix technoïde branchouillé. C'est bien de musique traditionnelle acoustique qu'il s'agit, et « brut de fonte » qui plus est ! Cela dit, l'hypnose est garantie, bien sûr...

Stéphane Fougère, Ethnotempos